J’ai assistée le 24 mai, un nouveau procès de Brice Lacruche Alihanga, l’ancien directeur de cabinet d’Ali Bongo. Ce procès s’est déroulé devant la Cour criminelle spécialisée et portait sur des accusations de détournement de fonds publics, blanchiment de capitaux et association de malfaiteurs.
L’accusation remonte à 2018 lorsque Brice Laccruche Alihanga était le directeur de cabinet d’Ali Bongo. À l’époque, la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog), une entreprise d’exploitation de manganèse, était sommée par l’État gabonais de payer 181 milliards de francs CFA suite à un redressement fiscal. Après des négociations, Comilog accepte de payer 155 milliards de FCFA. Cependant, Brice Laccruche Alihanga dit avoir reçu seulement 5 milliards de francs CFA, et d’autres personnes aussi.
Après une journée et une nuit d’audience, Brice Laccruche Alihanga a été condamné à payer 5 milliards de francs CFA de dommages et intérêts et 100 millions d’amende.
Cette décision soulève des questions sur la justice au Gabon et les pratiques de l’ancien régime. On se demandent pourquoi aucun élément de preuve n’a été retenu et si le système judiciaire gabonais a gardé ces personnes enfermées injustement dans les pires conditions.
Le parquet général a estimé qu’il n’était pas nécessaire de faire comparaitre Ali Bongo, mais on a fait comparaitre Laccruche qui souffre d’un cancer et dont l’apparence physique témoigne d’une grande souffrance. Ce n’est pas ça la justice dont nous voulons.
Et pourtant les conclusions rendues par le groupe de travail de l’ONU contre les détentions arbitraires faisaient état de graves violations des droits de BLA. Le même groupe de travail, impartial et indépendant, avait demandé sa libération. La justice de notre pays vient de consacrer l’injustice de l’ancien régime. Comment comprendre le verdict rendu hier par la Cour criminelle spécialisée ? Avec toutes les violations à la procédure pénale, entre autres, enregistrées dès le début de toute cette affaire, BLA aurait dû être acquitté.
C’est quand-même choquant de lire que la Cour n’a retenu aucune circonstance atténuante. Malgré le constat de détention arbitraire fait par le groupe de travail de l’ONU. En fait, dans ce procès, c’est comme si on avait décidé de fermer les yeux sur tout ce qui a pu être révélé des mauvaises pratiques de l’ancien régime. Sur tout ce que BLA et les siens ont subi injustement. Comme s’ils n’avaient pas été injustement torturés, pour des raisons autres que celles qu’on nous a exposées.
C’est quand-même incroyable! Aucun élément de preuve n’a été retenu et on rend une telle décision??? Que quelqu’un m’explique. Ou bien il fallait juste les condamner à tout prix pour éviter de faire constater que le système judiciaire gabonais les a gardés enfermés injustement, et dans les pires conditions?
Moi je me souviens qu’au cours de sa visite dans le nord, le président avait réhabilité Renaud Allogho en disant qu’il savait qu’ils étaient innocents mais qu’à l’époque il n’avait pas encore assez de force pour renverser la situation. A travers cette décision, c’est comme si la justice gabonaise voulait se donner bonne figure en n’avouant pas tous les disfonctionnements qui ont fait en sorte que BLA et les autres perdent 4 ans de leurs vies. A quand une remise en question de notre système judiciaire, qui vient encore de rater une occasion d’être à la hauteur de nos attentes ?
Brice Laccruche Alihanga, en sa qualité de délégataire des fonds du président de la République, agissait à la demande de ce dernier. Pourquoi a-t-on alors jugé inutile de convoquer l’ancien président ? Ou bien on dame seulement les petits poissons ?
On nous parle d’absence de preuves et on nous pond en même temps une décision pareille? Où est la logique? Où est la justice?
Bien majestueusement vôtre
Reine Newman